L'électronique et le textile

Avant-hier, on ne pouvait pas marcher pieds nus sur la moquette et actionner une poignée de porte sans recevoir une décharge électrique. Hier, on inventa les chemises antistress tissées de fils conducteurs, les chaussettes antibactéries, les tissus cicatrisants et thermorégulateurs. Aujourd’hui, on peut enfiler un blouson équipé d’un système de téléphonie et d’un chargeur de musique MP3, modèle phare de la première collection née du rapprochement entre Levi’s et Philips. Demain... allez savoir ! « Beaucoup de gens travaillent sur les possibilités de croisement entre l’électronique et le textile, affirme Denis Deguillemont, responsable pour Lille du service informatique de l’Institut du textile de France, à la pointe de la recherche technologique. Pour l’instant, on en est au stade de l’accessoirisation. L’intégration directe de circuits à l’intérieur des fibres suppose que l’on ait réglé le problème crucial de l’entretien. » Il n’empêche.

Sous l’impulsion de consortiums comme I-Wear (regroupement de diverses entreprises européennes dirigé par le laboratoire bruxellois Starlab) ou le MediaLab (département du Massachusetts Institute of Technology financé par de nombreuses multinationales, dont, depuis peu, France Télécom), la recherche sur les fibres chimiques et les textiles électroniques quitte le champ de l’utopie pour s’installer dans les vitrines d’une poignée de magasins à la pointe de l’innovation. Miniaturisation exponentielle de la technologie, développement de la puissance informatique, banalisation de l’Internet et de la téléphonie mobile : les vêtements intelligents ne sont plus un concept tarte à la crème mais une offre réelle mise à l’épreuve de l’attente des consommateurs.

Source: Le Point, n°1459, 01/09/2000, "Mode - le blouson qui chante", Anne-Cécile Sanchez.

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